Compte rendu de la conférence de Françoise Olivier-Utard
Les
facultés de théologie en Alsace-Moselle : entre science et prosélytisme
26
janvier 2005
Françoise Olivier-Utard est historienne,
maître de conférence à l’université Louis Pasteur. Elle a accepté de faire
une conférence sur les facultés de théologie en Alsace-Moselle le mercredi
26 janvier 2005 à la demande de « laïcité d’Accord ».
Du fait de son annexion par l’Allemagne
entre 1870 et 1918, l’Alsace–Moselle possède, dans certains domaines, une
législation différente de celle du reste de la France : la législation de
Droit Local. Cette législation complexe fait référence à des lois
antérieures à 1870, à des lois édictées pendant la période d’annexion
allemande durant laquelle la législation de la France de l’intérieur ne
s’appliquait pas, à des lois ou des décrets édictés après 1918 et des
décisions unilatérales.
La situation est encore compliquée par le
fait qu’en matière scolaire et universitaire, ce sont des législations
différentes qui régissent le statut des facultés de théologie
et le statut scolaire local. La législation sur l’université n’a
rien à voir avec le Concordat de 1801.
Il existe à Strasbourg deux facultés de
théologie (une catholique et une protestante) gérées sur fonds
publics et rattachées à l’Université des Sciences Humaines et
Sociales. Il existe à Metz une antenne de la faculté catholique, le Centre
autonome d’enseignement et de pédagogie religieuse.
I) HISTORIQUE
A)
AVANT 1870 : L’UNIVERSITÉ PROTESTANTE
En France comme en Europe, la majorité des
facultés ont une origine religieuse. Au 16e siècle à
Strasbourg, ville à majorité protestante, fut créée une Haute école
protestante devenue université en 1621 avec trois facultés : Droit,
Médecine et Théologie. Tous les enseignants devaient être de confession
luthérienne. Cette situation perdure jusqu’à la Révolution.
Avec la volonté de contrôler les formations
des facultés et celle des ministres du culte, Napoléon crée en 1803 à
Strasbourg un séminaire protestant distinct de la faculté de
théologie (protestante) et projette en 1818 une faculté de théologie
catholique à Besançon.
B)
ENTRE 1870 ET 1918 : L’UNIVERSITÉ IMPÉRIALE
ALLEMANDE
Cette période est marquée par la
germanisation de l’université. Cinq facultés sont créées : théologie
protestante, Droit et économie politique, Médecine, Lettres, Sciences. Les
Allemands, en butte à l’hostilité des protestants francophiles, créent la
faculté de théologie catholique, pour se rallier les catholiques
alsaciens. Le Vatican, très soucieux de conserver la haute main sur la
formation du clergé, donne son accord à la création d’une faculté de
théologie catholique en 1902. Il se ménage toutefois un droit de regard
sur le recrutement, puisque son avis est nécessaire pour chaque
nomination.
Dans toutes les facultés non-religieuses,
les enseignants de souche allemande bénéficièrent de promotions,
mais les Alsaciens ne purent faire réellement carrière. Par contre les
deux facultés de théologie, directement liées à la vie locale, comptèrent
de nombreux Alsaciens.
Du fait de l’annexion, les lois de
laïcisation de l’enseignement et de l’Etat français ne s’appliquèrent pas
à l’Alsace-Moselle
C)
APRES 1918 : UNE TENTATIVE DE LAÏCISATION
AVORTÉE
1)
Préparation du retour de l’Alsace dans la
France laïque.
Dès 1915, une commission de travail,
composée d’universitaires parisiens, de personnalités politiques
alsaciennes (notamment F. Eccard, P. Bucher, P Appel, C. Pfister),
préparèrent le retour des universités strasbourgeoises dans le cadre
laïque de la France. Le principe du maintien des facultés de théologie fut
discuté. La suppression pure et simple de la faculté de théologie
catholique fut proposée, d’autant que le Vatican ne souhaitait pas son
maintien.
La faculté protestante ne pouvait être
maintenue telle quelle. Il fut proposé de la supprimer, ou d’en faire une
faculté libre, avec un financement public provisoire par l’Etat.
2)
Le retour de l’Alsace dans la République
française : le statu quo.
En 1918, sans tenir compte d’aucune des
propositions élaborées par la commission Alsace-Lorraine, le Conseil de
l’université, sous la pression d’un puissant lobby protestant, décide de
maintenir les deux facultés de théologie. Le Vatican, toujours
méfiant, ne donne son aval qu’en 1923. Des doctorats de théologie sont
créés.
Les deux facultés de théologie continuent
de fonctionner avec des crédits d’État. Leurs enseignants sont souvent des
ministres du culte qui font carrière comme enseignants et comme membres de
la hiérarchie de leur culte. Plusieurs d’entre eux auront un engagement
politique comme le chanoine Muller qui s’opposera aux tentatives de
laïcisation d’E. Herriot.
3)
Période de 1939 à 1945 : la germanisation
nazie.
L’Université de Strasbourg se replie à Clermont-Ferrand y
compris les deux facultés de théologie. Les nazis créent, en 1942, une
Reichsuniversität sans théologie.
4)
Après 1945 : le maintien du statu quo.
Les universitaires regagnent Strasbourg. Le
problème de la laïcisation n’est même pas posé, et les deux facultés de
théologie continuent de fonctionner sur fonds publics. Leur rôle n’est pas
tout à fait symétrique.
La faculté de théologie protestante forme
les ministres du culte alors que les catholiques maintiennent une partie
de la formation des ministres du culte au Grand Séminaire. Les activités
de recherche se développent.
II)
LA SITUATION ACTUELLE
A)
UNE SITUATION ADMINISTRATIVE DÉROGATOIRE
Les deux facultés de théologie, installées
au Palais Universitaire, font partie intégrante de l’Université Marc
Bloch, où s’enseignent les sciences humaines et sociales.
Les personnels de ces deux facultés
participent à l’élection de tous les conseils de l’Université, y
compris le Conseil Scientifique, qui se prononce sur le recrutement de
tous les enseignants de l’université.
Depuis la création de l’Université des
sciences humaines et sociales en 1970, les facultés de théologie ont
fourni 3 présidents de l’université (sur 8) et de nombreux vice-présidents
(formation continue, relations internationales etc.).
Les deux facultés ont toutefois un
statut dérogatoire qui leur permet d’avoir une commission
spécifique de recrutement et de promotions. Elles ne relèvent donc pas
du Conseil National des Universités, mais d’une commission rectorale, même
pour les postes de discipline non directement théologique. C’est bien ce
qui est grave. De plus les instances représentées ne sont pas uniquement
universitaires. Si les représentants des instances protestantes ont
renoncé dans les années 90 à leur ancien privilège, il n’en est pas de
même pour les catholiques. L’avis du pape est toujours nécessaire dans la
nomination des enseignants de la faculté de théologie catholique. Le
Conseil Scientifique de l’Université se prononce en dernière instance. Il
a toujours entériné les décisions des commissions rectorales.
B)
UN ENCADREMENT SANS ÉQUIVALENT
Les deux facultés disposent d’un taux d’encadrement
particulièrement élevé, du fait des nombreux postes créés au fil des ans.
En 2004, la faculté de théologie catholique comptait 942 étudiants (dont
383 inscrits par correspondance) pour 30 enseignants soit 1 enseignant
pour 31 étudiants. Pour la faculté protestante, on comptait 267
étudiants pour 22 enseignants, soit
1 enseignant
pour 13 étudiants.
C)
LES DIPLÔMES D’ÉTAT
Ayant statut de facultés publiques, les
deux facultés de théologie délivrent des diplômes nationaux aussi bien que
des diplômes locaux. Elles participent au programme Erasmus permettant
l’accueil et l’octroi de bourses d’État à des étudiants étrangers. Elles
forment une bonne partie des ministres du culte étrangers, en particulier
des pays d’Afrique.
Les deux facultés sont associées pour
former une École doctorale de théologie et de sciences religieuses.
Elles ont aussi constitué des cursus dont
le contenu n’est plus seulement théologique, et qui concurrence les
diplômes laïques : on y trouve en grand nombre des enseignements de
philosophie, d’histoire, d’histoire de l’art, de sociologie etc. La
théologie traditionnelle a désormais une place moins importante
qu’autrefois. C’est une dérive qui s’étend visiblement.
D)
UNE RENOMMÉE SCIENTIFIQUE NTERNATIONALE DANS
CERTAINS DOMAINES
Dans le domaine de la recherche, second
volet des missions d’une faculté, la situation a évolué. Alors qu’au
départ les travaux étaient extrêmement dogmatiques, et que seule importait
la formation des ministres du culte, des projets de recherche
véritablement scientifiques ont vu le jour. Ils contrastent avec le rôle
de prosélytisme toujours attachés aux facultés de théologie.
Il existe des équipes de recherche dont
certaines sont en interdisciplinarité avec des départements
« laïques » de facultés de sciences humaines, avec CNRS ou encore l’École
des Hautes Études.
Les travaux scientifiques réalisés en
sciences religieuses par les deux facultés sont renommés dans le domaine
de l’étude des textes bibliques anciens, où des enseignants-chercheurs de
la faculté de théologie protestante se sont illustrés de longue date. Les
deux facultés ont regroupé leurs bibliothèques et la Bibliothèque
Nationale Universitaire de Strasbourg est un centre pilote d’information
et de diffusion des travaux en sciences religieuses.
E)
DES RELAIS SOCIO-POLITIQUES LOCAUX
Une partie des défenseurs habituels de la
laïcité en France font défaut à l’Alsace.
Outre le soutien historique de la
démocratie chrétienne dont sont issus les « centristes » alsacien,
de nombreux élus du PS apportent leur soutien indéfectible au
maintien des statuts locaux d’exception en matière scolaire et
universitaire. Le député A. Jung s’est distingué lors de la Commission
Stasi en revendiquant avec ses collègues de la Droite alsacienne le
maintien de ces statuts. Des membres éminents du PS alsacien sont des
théologiens : E. Trocmé, candidat du PS à la mairie de Strasbourg était
pasteur, professeur de théologie et même président de l’université. C.
Trautmann, ancien maire PS de Strasbourg est diplômée de la faculté de
théologie protestante et défenseur du statut local. L’Institut du Droit
Local (IDL), gardien du Droit local, compte des notables et des
universitaires dans ses rangs.
III)
UNE EMPRISE QUI S’ACCROÎT
A)
UNE AUDIENCE QUI CHERCHE À ÊTRE NATIONALE
Avec le télé-enseignement, les facultés de
théologie renforcent leurs effectifs qui, jusques là, étaient relativement
restreints. D’autre part, et c’est capital, l’enseignement « public »
de la théologie n’est plus, de cet fait, limité à l’Alsace, il tente de
drainer tout le territoire national. Les études de théologie
deviennent un fait national.
B)
UNE TENTATIVE D’IMBRICATION AVEC LES FACULTÉS
LAÏQUES
L’imbrication se renforce avec les
départements « laïques » de l’Université. Au nom de l’interdisciplinarité,
on introduit une composante religieuse dans des diplômes universitaires
généraux. Il suffit de modifier certains intitulés, et de passer par
exemple d’un cours de « sociologie religieuse » à un cours de
« sociologie ». Certains diplômes « laïques » pourront même se trouver
pilotés par un enseignant de faculté de théologie. Ce problème est
d’autant plus préoccupant que de nombreuses universités européennes
fonctionnent déjà sur ce modèle. Il est préoccupant que les théologiens
interviennent dans des cursus non théologiques, et que les étudiants qui
n’ont pas fait le choix de s’inscrire en théologie soient évalués par des
théologiens en titre.
C)
LES DIPLÔMES DE THÉOLOGIE UTILISÉS DANS
L’ACCÈS À UN EMPLOI
Les diplômes de théologie servent désormais
à accéder à des emplois très éloignés de la théologie. Les cours d’éthique
ou de sociologie religieuse délivrés par les facultés de théologie sont de
plus en plus mis en avant par les candidats à un emploi de DRH par
exemple. Ainsi se développe une imbrication de l’enseignement
partisan et du monde du travail. Cette situation prévaut déjà dans
plusieurs pays européens et des pressions s’exercent pour la généraliser à
l’ensemble du territoire français.
D)
UN RENFORCEMENT DE L’ENSEIGNEMENT RELIGIEUX À
L’ÉCOLE PUBLIQUE
Le statut scolaire local implique
l’obligation pour l’Etat d’organiser un enseignement religieux à
l’école publique. Les modalités actuelles d’application de ce statut
faisant obligation aux parents de demander une dispense ne respectent pas
la liberté de penser et entretiennent l’ambiguïté sur le caractère
prétendu « obligatoire » de cet enseignement.
Le Recteur de Strasbourg vient de déclarer
que l’introduction, dans l’enseignement public, d’un enseignement laïque
du « fait religieux » à l’école publique ne supprimerait pas les cours
d’enseignement religieux prévus par le statut scolaire local.
Les enseignants protestants d’enseignement
religieux continueront à être formés à la faculté de théologie
protestante.
Depuis l’an 2000, un CAPES (concours
national de recrutement d’enseignants) de religion a été institué dans
le cadre de la loi Perben, officiellement pour résorber l’auxiliariat
des personnels enseignant la religion dans le cadre du statut local. En
principe, ce CAPES doit être supprimé après l’année 2005. Il faudra rester
très vigilant car il pourrait servir de base pour former de futurs
enseignants de « culture religieuse » pour tout l’enseignement public.
L’antenne des facultés de théologie à Metz (Centre autonome
d’enseignement de la pédagogie religieuse) qui forme aussi des enseignants
de religions pour l’école publique est rattachée, depuis 1970, à
l’académie de Nancy. Contrairement à l’académie de Strasbourg, le Rectorat
de Nancy est en terre laïque régie par la législation nationale de 1905.
Ainsi, dans une académie de droit général de séparation, une unité
d’enseignement public enseigne des disciplines
théologiques et forme des enseignants de religion.
E)
UNE SITUATION ATTENTATOIRE LA LIBERTÉ DE
CONSCIENCE
Les autorités religieuses, les représentants politiques de
la Droite et du PS alsaciens, les membres de l’IDL dénoncent régulièrement
le « laïcisme », la « laïcité de combat » des citoyens
qui militent simplement pour la laïcité en Alsace-Moselle conformément
à la Constitution. Ils vantent une « laïcité apaisée » qui leur
permet « de refuser d’inscrire la religion dans la sphère privé ». F.
Olivier-Utard conclut : « l’Alsace est incapable d’admettre sereinement
la libre pensée, l’athéisme, le libre choix individuel.
Elle est favorable à la liberté religieuse, pas à la liberté de
conscience ».
IV)
PERSPECTIVES D’AVENIR
F. Olivier-Utard recense quatre évolutions
possibles.
A)
EXTENSION DES FACULTÉS DE THÉOLOGIE À l’ISLAM
En 1995, le président de l’université avait
chargé le pasteur E. Trocmé (lui même ancien président de l’université) de
rédiger un rapport pour « développer les enseignements et la recherche en
sciences des religions » en mettant l’accent sur la création d’un
« enseignement de culture religieuse » et sur le « développement de
l’islamologie ».
E. Trocmé avait préconisé un enseignement
de culture religieuse dans le second degré et le supérieur avec la
possibilité de créer un « CAPES de sciences religieuses ».
Il recommandait également la création d’une
« faculté de théologie musulmane » en supplément des deux facultés de
théologie déjà existantes. Les présidents successifs de l’USHS ont été
favorables à ce projet. Celui-ci ne s’est pas réalisé à cause de
l’opposition de la majorité des membres du Conseil d’Administration de
l’Université.
L’argument mis en avant par les partisans
de ce projet est celui de l’égalité de traitement des religions. L’Islam
devait avoir les mêmes droits que les autres religions. En situation de
Droit Local, non laïque, cette égalité implique la création d’une faculté
de théologie musulmane au statut aligné sur celui des deux facultés
existantes. Cette nouvelle faculté aurait eu une double fonction : une
recherche scientifique et la formation d’imams informés sur la société
française. Au-delà de l’égalité revendiquée, elle aurait eu « l’avantage »
de renforcer l’ancrage des facultés de théologie en Alsace-Moselle.
A l’époque du rapport Trocmé, l’absence
d’interlocuteurs musulmans représentatifs et les désaccords
entre les divers groupes religieux musulmans avaient été les arguments
principaux du refus des opposants (au sein desquels plusieurs
représentants de la faculté de théologie catholique).
Aujourd’hui il existe des interlocuteurs
officiels (même s’ils restent divisés) au sein du Conseil Départemental
du Culte Musulman. De ce fait, les objections d’actuels opposants au
projet, outre le respect de la laïcité, porteraient sur le contenu même
des enseignements : la licence de théologie, pour les
musulmans, s’apparente davantage à des études juridiques qu’à des études
de textes religieux ou de dogme. Le droit des affaires et la charia
poseraient problème.
Le gouvernement reste méfiant vis à vis
des imams radicaux. Il a envisagé la création d’un Institut de
formation des imams avec un contrôle des enseignements qui semble bien
illusoire. Strasbourg n’est pas évoquée pour l’implantation de cet
éventuel institut.
D’autre part, le gouvernement ne semble pas
favorable à la création d’une faculté de théologie musulmane à Strasbourg.
Il est parfaitement possible de rendre
justice à l’étude scientifique de l’islam sans créer une nouvelle
faculté. F. Olivier-Utard note que les juifs n’ont jamais demandé la
création d’une faculté de théologie juive et qu’un « institut hébraïque
à la faculté des lettres suffit à leurs besoins ».
B)
MAINTIEN DU STATU QUO
Les partisans du maintien du statut local
ne perdent jamais une occasion de vanter la bonne entente alsacienne
entre les cultes et les diverses institutions étatiques. Modifier cet état
de fait risquerait de créer d’inutiles remous.
Ils oublient que le statut juridique des facultés de
théologie reste un statut d’exception dans la République (dû au manque de
courage politique des élus) et qu’actuellement, le statu quo n’existe
plus du fait de l’extension des facultés de
théologie dans les départements universitaires « laïques » et, par le
biais de diplômes d’Etat, de leur extension vers le monde du travail.
C)
CRÉATION D’UNE UNIVERSITÉ NATIONALE
THÉMATIQUE DE SCIENCES RELIGIEUSES
En 1975, à l’occasion du centenaire des
Instituts catholiques, V. Giscard d’Estaing et son ministre JP Soisson
avaient souhaité harmoniser l’enseignement des sciences religieuses en
France. Le rapport, commandé à L. Braun, professeur de philosophie à
l’université de Strasbourg et ex-président de cette université, avait
suggéré de rassembler en une seule entité tous les structures impliquées
dans les sciences religieuses, et qui aurait regroupé la Vème
section de l’Ecole des Hautes Etudes, l’Institut d’histoire de religions
de la Sorbonne, les Instituts catholiques (Angers, Lille, Lyon, Paris,
Toulouse) et protestant (Montpellier). Le directeur de l’Institut
catholique de Paris (devenu plus tard évêque) s’opposa au projet. Le
rapport fut enterré.
D)
SUPPRESSION DES FACULTÉS DE THÉOLOGIE
Cette solution avait déjà été proposée par
des universitaires alsaciens émigrés à Paris en 1915. C’est celle
qu’envisagent d’emblée les « Français de l’intérieur » ébahis par le
statut local.
Les deux facultés de théologie
deviendraient des entités de droit privé et ne seraient plus prises en
charge par l’Etat.
Les partisans du statut local affirment que
ce projet se heurterait aux hiérarchies religieuses, à la volonté de la
grande majorité des partis politique alsaciens (de la droite au PS) et aux
populations locales supposées très attachées au particularisme local.
F. Olivier-Utard décèle dans cette argumentation des « réflexes
communautaires et des regroupements politico-religieux ».
CONCLUSION
F. Olivier-Utard conclut : « Ce
qui se cache derrière le repli identitaire sur un statut d’exception, est
en fait non seulement un refus de la laïcité à la française, mais aussi
une certaine forme de refus de la loi commune, de la République une et
indivisible, et une tentative organisée pour contrer celle-ci ».
Compte rendu rédigé par Claude Hollé et
revu par F. Olivier-Utard
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