UNANIMITE ET
DESACCORD
Le 29 mai 2007, l’association « Laïcité
d’Accord » a organisé une réunion publique avec des représentants de
partis politiques sur le thème du Statut Scolaire Local.
Le président de Laïcité d’Accord a
rappelé la revendication majeure de l’association : obtenir la
suppression de la demande de dispense pour les parents qui, pour leurs
enfants, refusent l’enseignement religieux à l’Ecole publique.
Seuls les parents désirant cet
enseignement auraient à le faire savoir, comme c’est la règle pour
les autres options non-obligatoires pour les élèves.
UNANIMITE pour
la suppression de la demande de dispense.
Tous les intervenants (P.S., Verts, P.C.F.,
Modem, Gauche Alternative, M.R.C - un représentant de l’U.M.P. s’était
excusé) ont estimé que le statut scolaire local, sous sa forme actuelle,
comportait des éléments discriminatoires. Il sépare, au nom de la
religion, deux catégories d’élèves : ceux dont les parents se réclament
d’un des quatre cultes reconnus et les « autres ». En 2007, dans notre
République laïque, la « norme » à l’Ecole publique en Alsace-Moselle est
encore l’appartenance à l’un des cultes reconnus.
Ne sont pas considérés dans la « norme »
tous les membres d’un autre culte (musulmans, évangéliques, chrétiens
historiques, bouddhistes, mouvements atypiques etc...) et les athées et
agnostiques.
Après la réunion, un participant dont les
enfants n’étaient pas inscrits à cet enseignement, nous a rapporté les
paroles de désarroi d’un de ses enfants : « Les autres disent que
je ne suis rien! ».
Tous les intervenants se sont prononcés
pour la suppression de la demande de dispense pour les parents qui ne
souhaitent pas l’enseignement de religion pour leurs enfants.
Dans la salle, un seul intervenant (un
pasteur) s’est prononcé pour le maintien des modalités actuelles de ce
statut.
Mais DESACCORD sur l’extension de ce
statut au culte musulman.
Ce projet d’extension existe depuis de
nombreuses années. Il a été récemment réactivé par les travaux de la
commission Machelon commanditée par N. Sarkozy, alors ministre de
l’Intérieur.
Sur ce point les intervenants sont apparus
plus divisés.
Un groupe préconise l’extension du statut
au culte musulman (P.S.,
Verts).
Ces intervenants ont mis en avant les
discriminations frappant la communauté musulmane, la xénophobie
dont ils sont victimes. Ce qui doit prévaloir, c’est le principe
constitutionnel d’égalité. La religion musulmane est la
deuxième religion de France par le nombre de ses fidèles et beaucoup de
lieux de cultes sont indignes d’un Etat se référant aux Droits de
l ’Homme. Tant qu’existera le statut scolaire local, il doit s’appliquer
au culte musulman.
Un intervenant dans la salle préfère que
l’enseignement de la religion musulmane ait lieu à l’Ecole publique, avec
un contrôle, plutôt que dans les lieux de culte, sans contrôle.
Un autre groupe refuse l’extension au
culte musulman (P.C.F.,
Alternatifs, M.R.C.)
Ils dénoncent, comme le premier groupe,
les discriminations dont sont victimes des populations d’origine immigrée
et de culture musulmane.
Mais étendre le statut scolaire local au
seul culte musulman, rendrait-il ce statut non-discriminatoire? De toute
évidence, non. Resteraient discriminés les membres des
« autres » religions et ces « autres » que sont les athées et les
agnostiques. Sans compter que, en droit, les musulmans sont en Alsace dans
la situation de ceux du reste de la France qui eux ne demande pas à
bénéficier de ce privilège.
Le principe d’égalité et de
non-discrimination ne se partage pas. L’école laïque, l’école de la
République rassemble les enfants (et les citoyens) autour des
valeurs communes, du vivre-ensemble, des connaissances objectives et non
pas « révélées », de la pensée rationnelle universelle et non pas
partisane, de la pensée critique, et non pas de la
soumission à des dogmes.
Privilège local pour les religions
reconnues, l’adhésion au statut scolaire local décline. La fréquentation
des élèves a diminué de 34% dans le primaire (en 10 ans) et de 24% dans le
secondaire. Pour les partisans de l’intervention des religions dans
l’espace public, l’extension à l’Islam serait un moyen comme un autre de
le pérenniser.
Le respect de l’égalité pour tous
impose le refus de l’extension au culte musulman, tout en luttant contre
les discriminations (logement, embauche, salaires, lieux de culte) dont
sont victimes les populations d’origine immigrée.
LES CONCLUSIONS DE LAICITE D’ACCORD
Plusieurs éléments du débat nous
confortent dans nos prises de position.
Nous demandons solennellement aux
responsables politiques, administratifs, étatiques et religieux d’accepter
le fait que l’enseignement de religion à l’Ecole publique en
Alsace-Moselle est de plein Droit optionnel. Ce qui implique que seuls
ceux qui désirent cette option en fassent la demande. Pour le respect de
la liberté de conscience, ceux qui ne la désirent pas n’auraient
plus à le faire savoir.
En Alsace-Moselle, comme ailleurs, aucun
enfant ne doit plus se sentir « rien » à l’Ecole de la République.
Bernard ANCLIN (Président), Claude HOLLÉ
(Secrétaire)
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