A quoi bon une faculté de théologie musulmane à
Strasbourg ?
Les partisans des législations scolaires non-laïques d’Alsace-Moselle
s’organisent pour la création à Strasbourg d’une faculté de théologie
musulmane fonctionnant avec l’argent public. Cette faculté s’ajouterait
aux deux facultés confessionnelles déjà existantes. L’argument officiel
pour promouvoir cette création serait de s’opposer à la discrimination
dont souffrirait le culte musulman.
La
religion musulmane n’est pas discriminée.
Depuis 1905, la France est une république laïque. Elle garantit la
liberté et l’égalité juridique des cultes et, en contrepartie, ne leur
verse aucun subside. Il en est ainsi pour tous les cultes ; toute nouvelle
construction d’un édifice cultuel doit être prise en charge par le culte
lui-même. Le culte musulman n’est en aucun cas discriminé, il est soumis à
la loi commune.
Ce sont les législations locales non-laïques d’Alsace-Moselle (héritées de
l’annexion allemande de 1870) qui posent problème et non la législation
nationale.
La religion musulmane est instrumentalisée :
*
De nombreux courants du culte musulman refusent toute intervention
étatique.
L’islam est pluriel, chaque groupe a ses pratiques spécifiques et
différentes sensibilités sont en concurrence. Plusieurs composantes de
l’islam de France ne souhaitent pas que les imams soient formés dans une
faculté d’Etat. De même elles ne souhaitent pas une participation
financière de l’Etat pour les nouvelles constructions. Ce n’est pas à
l’Etat de leur imposer des financements publics, par ailleurs contraires à
la loi de 1905.
*
Une nouvelle faculté comme « béquille » au statut scolaire local.
Les partisans de la législation scolaire non-laïque d’Alsace-moselle sont
inquiets de la progression de la désaffection des élèves et des parents
pour l’enseignement religieux à l’Ecole publique. La faculté de théologie
musulmane formerait des imams et des enseignants pour ces cours de
religion spécifiques à l’Alsace-Moselle. Par ce biais, les chiffres de
participation aux cours de religion augmenteraient masquant ainsi la
réalité d’une déprise religieuse sur l’Ecole laïque locale. Partout en
Europe, la sécularisation de la société progresse séparant la loi
commune incarnée par l’Etat, du particularisme des Cultes,
l’Alsace-Moselle n’échappe pas à cette évolution.
Pour
des solutions démocratiques et laïques.
Pour le respect du « vivre ensemble » et des valeurs républicaines
inscrites dans la constitution, Laïcité d’Accord propose :
* l’arrêt de la formation de ministres du culte et des activités dites
« dogmatiques » des deux facultés de théologie existantes. La poursuite de
leurs activités de « théologie universitaire » ne pose pas de problème
majeur. Des départements universitaires déjà existants peuvent développer
la recherche concernant l’islam sans que soit créée une nouvelle faculté
confessionnelle. Ainsi, l’islam ne serait pas discriminé.
* Le respect par les autorités politiques, religieuses et
administratives de l’arrêt du Conseil d’Etat du 6 avril 2001
reconnaissant, de Droit, le caractère optionnel de l’enseignement
religieux à l’Ecole publique en Alsace-Moselle. Cette reconnaissance
implique la suppression de la demande de dispense.
Claude HOLLÉ, Secrétaire
Bernard ANCLIN, Président
Janvier 2007 |